droits de l'homme
La politique de l’UE envers Cuba critiquée par Václav Havel
Václav Havel, ancien président de la République Tchèque, a fondé le Comité international pour la démocratie à Cuba. Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’État des États-Unis, André Glucksmann, philosophe français, Arpád Göncz, ancien président de Hongrie, Vytautas Landsberg, ancien président de Lituanie et Adam Michnik, ancien dissident polonais et rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza, ont co-signé ce texte.
Terreur tranquille chez Fidel Castro
Ce printemps marque le troisième anniversaire de la vague de répression au cours de laquelle le régime de Fidel Castro a arrêté et infligé de longues peines d’emprisonnement à 75 dissidents cubains. Peu après, j’avais formé avec de nombreux amis le Comité international pour la démocratie à Cuba.
La bravoure de ceux qui avaient obéi à leur conscience et vaincu leur peur pour se dresser contre la dictature communiste reste très présent dans ma mémoire.
Cela me rappelle l’automne 1989 et l’irrésistible mouvement de libération qui, parti de la place Wenceslas à Prague, gagna l’ensemble de ce qui était encore la Tchécoslovaquie.
C’est pour cela que j’ai sonné l’alarme lors de la Conférence pour la démocratie à Cuba que notre Comité avait tenue à Prague il y a trois ans. Je voulais attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation des droits de l’homme à Cuba, soutenir l’opposition dans ce pays et y encourager toutes les forces démocratiques.
L’Union européenne décréta alors des sanctions diplomatiques contre le régime de Castro. Même si elles étaient surtout symboliques, ces sanctions représentaient un geste important.
Pourtant, c’est la position inverse qui peu de temps après s’imposa à Bruxelles.
L’UE a ouvert le dialogue avec le régime cubain, les sanctions ont été suspendues sous condition et les dissidents se sont même clairement vu signifier qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans les ambassades de plusieurs pays démocratiques.
Le lâche compromis et l’alibi politique, comme si souvent dans l’Histoire, ont ruiné une politique qui reposait sur des principes. En échange, La Havane a fait une fausse concession en libérant quelques-uns des prisonniers politiques, torturés et gravement malades, dont le régime craignait qu’ils ne meurent dans ses prisons tristement célèbres.
Ceux d’entre nous qui vivent dans les nouvelles démocraties européennes post-communistes furent les victimes du même genre d’arrangements politiques à l’époque où ils étaient enfermés derrière le rideau de fer.
Nous connaissons aussi très bien l’argument selon lequel la sagesse européenne a évité des arrestations de masse. Il reste que la démocratie a montré sa faiblesse et que, du coup le régime cubain a adapté sa tactique à ce constat.
Des organisations respectées comme Reporters sans Frontières et Amnesty International ont recueilli de nombreuses preuves de violences et d’intimidations qui visent les esprits libres persistant à s’exprimer à Cuba.
Dans leur cas, les choses se terminent plus souvent à l’hôpital que devant les tribunaux. Des groupes de «combattants de la révolution», en réalité la police secrète cubaine, brutalisent les opposants et les accusent de crimes absurdes dans l’espoir de les intimider ou de les forcer à émigrer. Sur l’île, de tels harcèlements organisés sont appelés «actos de repudio» des «actes de rejet».
La violence politique qui se camoufle en agressions criminelles dans la rue n’est jamais facile à prouver.
Contrairement aux longues peines de prison qui, ailleurs, frappent les dissidents, cette technique répressive n’attire pas comme elle le devrait l’attention du reste du monde. Pourtant, des milliers d’anciens prisonniers politiques d’Europe centrale et de l’Est peuvent attester du fait qu’un coup de pied flanqué dans la rue par un membre de la police secrète est aussi douloureux qu’un coup de pied asséné par un gardien derrière les portes d’une prison.
L’impuissance de la victime face à de telles agressions organisées par l’État et aux menaces contre la famille est ressentie de la même manière que l’impuissance du suspect harcelé par la police lors d’une investigation des services de sécurité.
Enfin, ils sont nombreux les hommes politiques européens qui, ayant cherché à enquêter, se sont retrouvés interdits d’accès au territoire cubain
Certains Européens considèrent Cuba comme un pays lointain dont le sort ne peut que leur être indifférent car le Vieux continent est suffisamment occupé avec ses propres problèmes. Mais ce que les Cubains subissent aujourd’hui fait partie de notre histoire européenne.
Ce sont les Européens qui, après avoir inventé le communisme, l’exportèrent dans le monde entier pour finalement en payer chèrement le prix des décennies durant.
Qui donc mieux que les Européens peut être au courant de chacun des tourments infligés au peuple cubain ?
L’humanité continuera de payer le prix du communisme aussi longtemps que nous n’aurons pas appris à affronter cette idéologie avec esprit de décision et responsabilité politique.
Nous avons de nombreuses occasions d’agir dans ce sens, en Europe et à Cuba.
Il n’est pas surprenant que les nouveaux pays membres de l’UE aient apporté à l’Europe une expérience historique nouvelle et, avec elle, beaucoup moins de compréhension et de tolérance à l’égard des concessions et des compromis.
Les représentants des États-membres de l’UE se réuniront à Bruxelles à la mi-juin pour décider d’une politique commune vis-à-vis de Cuba. Les diplomates européens devraient soigneusement peser les conséquences d’une politique d’apaisement à l’égard du régime de Castro.
Ils devraient en profiter pour démontrer qu’ils ne fermeront jamais les yeux sur les détestables pratiques de La Havane et qu’ils se refuseront toujours à ignorer les souffrances des prisonniers politiques cubains. Nous ne devons jamais oublier les victimes anonymes des «actes de rejet» de Castro.
Par Václav Havel, Madeleine Albright, André Glucksmann, Arpád Göncz, Vytautas Landsbergis et Adam Michnik
Copyright: Project
Syndicate, 2006.
www.project-syndicate.org
Traduit de l’anglais par Bérengère Viennot.
droits de l'homme
L’organisation internationale contre la torture lance une « intervention d’urgence » pour José Daniel Ferrer
MIAMI, États-Unis.- L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (OPDDH), a lancé ce vendredi une campagne d' »Interventions urgentes » en faveur du prisonnier politique et de conscience cubain José Daniel Ferrer García, leader de l’Union patriotique de Cuba (UNPACU), selon une note de Radio Televisión Martí.
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Who Is Filling Cuba’s University Classrooms?
New students at the University of Havana (14ymedio) Born during the Special Period, they have grown up trapped in the dual currency system, and when they get their degrees Raul Castro will no longer be in power. They are the more than 100,000 young people just starting college throughout the country. Their brief biographies include educational experiments, battles of ideas, and the emergence of new technologies They know more about X-Men than about Elpidio Valdés, and only remember Fidel Castro from old photos and archived documentaries. They are the Wi-Fi kids with their pirate networks, raised with the « packets » of copied shows and illegal satellite dishes
New students at the University of Havana (14ymedio)
Born during the Special Period, they have grown up trapped in the dual currency system, and when they get their degrees Raul Castro will no longer be in power. They are the more than 100,000 young people just starting college throughout the country. Their brief biographies include educational experiments, battles of ideas, and the emergence of new technologies They know more about X-Men than about Elpidio Valdés, and only remember Fidel Castro from old photos and archived documentaries.
They are the Wi-Fi kids with their pirate networks, raised with the « packets » of copied shows and illegal satellite dishes. Some nights they would connect through routers and play strategy video games that made them feel powerful and free. Whoever wants to know them should know that they’ve had « emerging teachers » since elementary school and were taught grammar, math and ideology via television screens. However, they ended up being the least ideological of the Cubans who today inhabit this Island, the most cosmopolitan and with the greatest vision of the future.
On arriving at junior high school they played at throwing around around the obligatory snack of bread while their parents furtively passed their lunches through the school gate. They have a special physical ability, an adaptation that has allowed them to survive the environment; they don’t hear what doesn’t interest them, they close their ears to the harangues of morning assemblies and politicians. They seem lazier than other generations and in reality they are, but in their case this apathy acts like an evolutionary advantage. They’re better than us and will live in a country that has nothing to do with what we were promised.
A few months ago, these same young people, starred in the best known case of school fraud uncovered publicly. Some of those hoping to earn a place in higher education bought the answers to an admissions test. They were used to paying for approval, because they had to turn to private tutors to teach them what they should have learned in the classroom. Many of those who recently enrolled in the university had private teachers starting in elementary school. They are the children of a new emerging class that has used its resources so that their children can reach a desk at the right hand — or the left — of the alma mater.
These young people dressed in uniforms in their earlier grades, but they struggled to differentiate themselves through the length of a shirt, a fringe of bleached hair, or through pants sagging below their hips. They are the children of those who barely had a change of underwear in the nineties, so their parents tried to make sure they didn’t « go through the same thing, » and turned to the black market for their clothes and shoes. They mock the false austerity and, not wanting to look like militants, they love bright shiny colors and name brand outfits.
Yesterday, with the start of the school year, they received a lecture about the attempts of « imperialism to undermine the revolution through its youth. » It was like a faint drizzle running over an impervious surface. The government is right to be worried; these young people who have entered the university will never become good soldiers or fanatics. The clay from which they are made cannot be molded.
Excerpt from:
Who Is Filling Cuba’s University Classrooms?
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A Caricature of a Cuban Woman
Woman drinking (14ymedio) 14yMEDIO, Yoani Sanchez, Havana, 22 August 2014 — A woman on national television said that her husband « helps » her with some household chores. To many, the phrase may sound like the highest aspiration of every woman. Another lady asserts that her husband behaves like a « Federated man, » an allusion to the Federation of Cuban Women (FMC), which today is celebrating its 54th anniversary. As for me, on this side of the screen, I feel sorry for them in the face of such meekness
14yMEDIO, Yoani Sanchez, Havana, 22 August 2014 — A woman on national television said that her husband « helps » her with some household chores. To many, the phrase may sound like the highest aspiration of every woman. Another lady asserts that her husband behaves like a « Federated man, » an allusion to the Federation of Cuban Women (FMC), which today is celebrating its 54th anniversary. As for me, on this side of the screen, I feel sorry for them in the face of such meekness. Instead of the urgent demands they should mention, all I hear is this appreciation directed to a power as manly as it is deaf.
It’s not about « helping » to wash a plate or watch the kids, nor tiny illusory gender quotas that hide so much discrimination like a slap. The problem is that economic and political power remains mainly in masculine hands. What percentage of car owners are women? How many acres of land are owned or leased by women. How many Cuban ambassadors on missions abroad wear skirts? Can anyone recite the number of men who request paternity leave to take care of their newborns? How many young men are stopped by the police each day to warn them they can’t walk with a tourist? Who mostly attends the parent meetings at the schools?
Please, don’t try to « put us to sleep » with figures in the style of, « 65 percent of our cadres and 50 percent of our grassroots leaders are women. » The only thing this statistic means is that more responsibility falls on our shoulders, which means neither a high decision-making level nor greater rights. At least such a triumphalist phrase clarifies that there are « grassroots leaders, » because we know that decisions at the highest level are made by men who grew up under the precepts that we women are beautiful ornaments to have at hand… always and as long as we keep our mouths shut.
I feel sorry for the docile and timid feminist movement that exists in my country. Ashamed for those ladies with their ridiculous necklaces and abundant makeup who appear in the official media to tell us that « the Cuban woman has been the greatest ally of the Revolution. » Words spoken at the same moment when a company director is sexually harassing his secretary, when a beaten woman can’t get a restraining order against her abusive husband, when a policeman tells the victim of a sexual assault, « Well, with that skirt you’re wearing… » and the government recruits shock troops for an act of repudiation against the Ladies in White.
Women are the sector of the population that has the most reason to shout their displeasure. Because half a century after the founding of the caricature of an organization that is the Federation of Cuban Women, we are neither more free, nor more powerful, nor even more independent.
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