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Triste anniversaire à Cuba

Il y a des articles que l’on aimerait ne jamais avoir à écrire: celui-ci en est un. En mars 2003 lorsque j’ai appris l’arrestation et la condamnation de Ricardo González Alfonso à 20 ans de prison, je n’ai jamais imaginé que cinq ans plus tard j’aurai à écrire un article pour me demander une fois de plus ce qu’un homme complètement innocent fait en prison.

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Il y a des articles que l’on aimerait ne jamais avoir à écrire: celui-ci en est un. En mars 2003 lorsque j’ai appris l’arrestation et la condamnation de Ricardo González Alfonso à 20 ans de prison, je n’ai jamais imaginé que cinq ans plus tard j’aurai à écrire un article pour me demander une fois de plus ce qu’un homme complètement innocent fait en prison. Sur la page d’accueil de cubantrip.com, il y a une petite photo de Ricardo avec le décompte des jours qu’il a passé en prison : aujourd’hui il affiche 1827 jours. Un chiffre démentiel, mais complètement abstrait pour nous qui avons la chance de vivre en liberté, alors que lorsqu’on est emprisonné chaque minute peut sembler une éternité. Or le seul et unique crime de Ricardo González Alfonso est d’avoir essayé de faire honnêtement son travail de journaliste dans un pays où la liberté d’expression n’existe plus depuis 50 ans. J’ai rencontré plusieurs fois Ricardo González Alfonso à Cuba alors qu’il travaillait avec Raul Rivero au sein de la petite agence de journalistes indépendants Cuba Press.

Raul Rivero et Ricardo González Alfonso m’avaient reçu dans un local exigu et bruyant dans le quartier populaire de Marianao, à La Havane : une des nombreuses bases provisoires de Cuba Press, où s’activaient quatre personnes autour d’un téléphone au fonctionnement aléatoire. Une machine à écrire portative au chariot rétif posée sur une table bancale, une cafetière hors d’âge et des tasses en plastique dépareillées : les “mercenaires de l’empire américain qui les paie, les instruit, les camoufle et leur ordonne de tirer contre leur peuple” – ainsi s’expriment les aboyeurs de la presse officielle – ne roulaient pas sur l’or.
“En tant que journalistes en marge du système officiel et considérés comme illégaux, nous devons compter constamment avec la pression policière : être très vulnérable m’oblige à une grande rigueur dans ce que nous publions”, disait Raúl Rivero.

Avec eux, nous avions évoqué, la possible application de cette loi 88, la “loi bâillon”, avec ses peines si démesurées qu’elle semblait destinée à ne jamais être appliquée. Nous étions tombés d’accord : c’était de l’intimidation. Vingt ans pour un délit d’opinion, ils n’oseront pas ! Ils ont osé. Huis clos, témoignages d’agents infiltrés, avocats commis d’office la veille : rien n’a manqué à la sordide mise en scène.

Aujourd’hui encore, il m’est difficile d’imaginer les conditions de vie de ces hommes que rien ne préparait à aller en prison: tous sont des journalistes dont les seules armes ont toujours été des machines à écrire, des bloc notes, et des fax pour les plus chanceux.

Aujourd’hui détenu dans la sinistre prison du Combinado del Este à La Havane, Ricardo Gonzalez Alfonso ne se porte pas si bien. Selon les dernières informations données par Reporters sans frontières, sa femme,
Alida Viso, rappelle qu’il a subi quatre opérations chirurgicales depuis janvier 2005.
“Mon mari va très mal”, enrage Alida Viso, qui a dû cesser ses activités journalistiques, faute de téléphone. Début février 2008, elle a déposé une demande de licence extra-pénale pour qu’il soit relâché. “Il arrive à garder le moral malgré tout” assure son épouse. Agé de 58 ans, le fondateur de la Société Manuel Marquez Sterling a rédigé clandestinement depuis sa cellule deux ouvrages de poésie (Historia sangrada en 2005 et Hombres sin rostros en 2006), dans lesquels il dénonce les privations de liberté. Longtemps maintenu en convalescence à l’hôpital militaire de la prison du Combinado del Este, Ricardo González Alfonso a été renvoyé en cellule au moment où son épouse a sollicité la suspension de sa peine pour raisons médicales.

Journaliste indépendant, Ricardo González Alfonso a été condamné à 20 ans de prison. Au moment de son arrestation était le directeur de la société de journalistes Manuel Márquez Sterling, correspondant à Cuba de Reporters sans Frontières, et directeur de « De Cuba », la première revue indépendante à paraître (sans autorisation) dans le pays depuis la révolution (bimestriel, deux numéros parus).

Le procès s’est tenu le 4 avril au Tribunal municipal du district du 10 Octobre, à La Havane, lors d’une audience unique longue de 6 heures, et à laquelle comparaissait également Raúl Rivero Castañeda.
– Les deux journalistes étaient inculpés en vertu de l’article 91 du code pénal, qui prévoit de dix à vingt ans de prison « ou » la peine de mort pour le crime d’atteinte à « l’indépendance ou l’intégrité territoriale de l’Etat . »

– Huit témoins à charge ont été cités, dont deux connus comme des journalistes indépendants, Manuel David Orrio et Nestor Baguer, qui se sont avérés des indicateurs travaillant pour le gouvernement.

Dans cet univers absurde et carcéral, où tout le monde est encouragé à espionner et à dénoncer son voisin en vertu des règles de base qui fondent toute société communiste et policière, que reste t-il à un homme innocent emprisonné pour n’avoir fait que son travail de journaliste ? Sa liberté justement, car celle-ci ne s’arrête pas derrière les barreaux d’une prison construite par des têtes galonnées sans scrupules.

LA FICHE

Ils ont donné l’ordre.
Ils ont fouillé œil par oeil
feuille par feuille
dans mon arbre généalogique
depuis Adam jusqu’à mes vers.

Ils ont donné l’ordre.
Le Figaro dans son ardeur
a rasé mon raisonnement
pour me dépouiller de mes illusions
et de mes cheveux.

Ils ont donné l’ordre.
Dans un cimetière de papier
avec des linceuls d’encre
ils ont enterré mes empreintes.

Ils ont donné l’ordre.
Ils ont capté mon visage
pour mieux me capturer
comme dans le conte du loup.

Ils ont donné l’ordre.
Ils m’ont assigné un chiffre
pour pouvoir me déchiffrer
dans cette équation
où l’un n’est personne.

Ils ont donné l’ordre
qui m’était destiné depuis toujours :
durant deux décennies
me maintenir reclus.

Ils ont donné l’ordre.
Je n’ai plus ma liberté.

Mais je suis libre.

CROQUIS
De l’Arctique à l’Antarctique
quatre pas.
Du couchant au levant
seulement deux et un soupir.

Toujours au nord
quinze barreaux
en guise de porte
cadenassée.
Toujours au sud
une lucarne
grillagée
indiscrète
comme une vieille fille.

Scellée au mur la couchette
solitaire
l’évier scellé.
Dans un coin de l’horizon
un orifice mélancolique
et un tube tête baissée
maquillés en salle de bain.

Et sous un ciel en béton
illuminé
par un astre de cristal
je chante.

 

Poèmes de Ricardo González Alfonso Traduit de l’espagnol (Cuba) par Jacobo Machover

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L’organisation internationale contre la torture lance une “intervention d’urgence” pour José Daniel Ferrer

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José Daniel Ferrer

MIAMI, États-Unis.- L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (OPDDH), a lancé ce vendredi une campagne d'”Interventions urgentes” en faveur du prisonnier politique et de conscience cubain José Daniel Ferrer García, leader de l’Union patriotique de Cuba (UNPACU), selon une note de Radio Televisión Martí.

(suite…)

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Who Is Filling Cuba’s University Classrooms?

New students at the University of Havana (14ymedio) Born during the Special Period, they have grown up trapped in the dual currency system, and when they get their degrees Raul Castro will no longer be in power. They are the more than 100,000 young people just starting college throughout the country. Their brief biographies include educational experiments, battles of ideas, and the emergence of new technologies They know more about X-Men than about Elpidio Valdés, and only remember Fidel Castro from old photos and archived documentaries. They are the Wi-Fi kids with their pirate networks, raised with the “packets” of copied shows and illegal satellite dishes

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New students at the University of Havana (14ymedio)

Born during the Special Period, they have grown up trapped in the dual currency system, and when they get their degrees Raul Castro will no longer be in power. They are the more than 100,000 young people just starting college throughout the country. Their brief biographies include educational experiments, battles of ideas, and the emergence of new technologies They know more about X-Men than about Elpidio Valdés, and only remember Fidel Castro from old photos and archived documentaries.

They are the Wi-Fi kids with their pirate networks, raised with the “packets” of copied shows and illegal satellite dishes. Some nights they would connect through routers and play strategy video games that made them feel powerful and free. Whoever wants to know them should know that they’ve had “emerging teachers” since elementary school and were taught grammar, math and ideology via television screens. However, they ended up being the least ideological of the Cubans who today inhabit this Island, the most cosmopolitan and with the greatest vision of the future.

On arriving at junior high school they played at throwing around around the obligatory snack of bread while their parents furtively passed their lunches through the school gate. They have a special physical ability, an adaptation that has allowed them to survive the environment; they don’t hear what doesn’t interest them, they close their ears to the harangues of morning assemblies and politicians. They seem lazier than other generations and in reality they are, but in their case this apathy acts like an evolutionary advantage. They’re better than us and will live in a country that has nothing to do with what we were promised.

A few months ago, these same young people, starred in the best known case of school fraud uncovered publicly. Some of those hoping to earn a place in higher education bought the answers to an admissions test. They were used to paying for approval, because they had to turn to private tutors to teach them what they should have learned in the classroom. Many of those who recently enrolled in the university had private teachers starting in elementary school. They are the children of a new emerging class that has used its resources so that their children can reach a desk at the right hand — or the left — of the alma mater.

These young people dressed in uniforms in their earlier grades, but they struggled to differentiate themselves through the length of a shirt, a fringe of bleached hair, or through pants sagging below their hips. They are the children of those who barely had a change of underwear in the nineties, so their parents tried to make sure they didn’t “go through the same thing,” and turned to the black market for their clothes and shoes. They mock the false austerity and, not wanting to look like militants, they love bright shiny colors and name brand outfits.

Yesterday, with the start of the school year, they received a lecture about the attempts of “imperialism to undermine the revolution through its youth.” It was like a faint drizzle running over an impervious surface. The government is right to be worried; these young people who have entered the university will never become good soldiers or fanatics. The clay from which they are made cannot be molded.

Excerpt from:
Who Is Filling Cuba’s University Classrooms?

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A Caricature of a Cuban Woman

Woman drinking (14ymedio) 14yMEDIO, Yoani Sanchez, Havana, 22 August 2014 — A woman on national television said that her husband “helps” her with some household chores. To many, the phrase may sound like the highest aspiration of every woman. Another lady asserts that her husband behaves like a “Federated man,” an allusion to the Federation of Cuban Women (FMC), which today is celebrating its 54th anniversary. As for me, on this side of the screen, I feel sorry for them in the face of such meekness

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Woman drinking (14ymedio)

Woman drinking (14ymedio)

14yMEDIO, Yoani Sanchez, Havana, 22 August 2014 — A woman on national television said that her husband “helps” her with some household chores. To many, the phrase may sound like the highest aspiration of every woman. Another lady asserts that her husband behaves like a “Federated man,” an allusion to the Federation of Cuban Women (FMC), which today is celebrating its 54th anniversary. As for me, on this side of the screen, I feel sorry for them in the face of such meekness. Instead of the urgent demands they should mention, all I hear is this appreciation directed to a power as manly as it is deaf.

It’s not about “helping” to wash a plate or watch the kids, nor tiny illusory gender quotas that hide so much discrimination like a slap. The problem is that economic and political power remains mainly in masculine hands. What percentage of car owners are women? How many acres of land are owned or leased by women. How many Cuban ambassadors on missions abroad wear skirts? Can anyone recite the number of men who request paternity leave to take care of their newborns? How many young men are stopped by the police each day to warn them they can’t walk with a tourist? Who mostly attends the parent meetings at the schools?

Please, don’t try to “put us to sleep” with figures in the style of, “65 percent of our cadres and 50 percent of our grassroots leaders are women.” The only thing this statistic means is that more responsibility falls on our shoulders, which means neither a high decision-making level nor greater rights. At least such a triumphalist phrase clarifies that there are “grassroots leaders,” because we know that decisions at the highest level are made by men who grew up under the precepts that we women are beautiful ornaments to have at hand… always and as long as we keep our mouths shut.

I feel sorry for the docile and timid feminist movement that exists in my country. Ashamed for those ladies with their ridiculous necklaces and abundant makeup who appear in the official media to tell us that “the Cuban woman has been the greatest ally of the Revolution.” Words spoken at the same moment when a company director is sexually harassing his secretary, when a beaten woman can’t get a restraining order against her abusive husband, when a policeman tells the victim of a sexual assault, “Well, with that skirt you’re wearing…” and the government recruits shock troops for an act of repudiation against the Ladies in White.

Women are the sector of the population that has the most reason to shout their displeasure. Because half a century after the founding of the caricature of an organization that is the Federation of Cuban Women, we are neither more free, nor more powerful, nor even more independent.

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A Caricature of a Cuban Woman

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