société
La mortalité infantile à Cuba : info ou intox ?
Pour la deuxième année consécutive, Cuba se vante d’avoir atteint un taux de mortalité de 5,3 pour mille enfants nés vivants, soit le plus faible de son histoire. Cuba se classe en tête de liste des pays d’Amérique dans ce domaine avec le Canada. Un résultat qui se veut « l’expression authentique du plus sacré des droits de l’homme : la santé » selon le journal officiel Granma.
Pour la deuxième année consécutive, Cuba se vante d’avoir atteint un taux de mortalité de 5,3 pour mille enfants nés vivants, soit le plus faible de son histoire. Cuba se classe en tête de liste des pays d’Amérique dans ce domaine avec le Canada. Un résultat qui se veut « l’expression authentique du plus sacré des droits de l’homme : la santé » selon le journal officiel Granma.
À La Havane, comme autrefois dans l’Union soviétique en marche vers l’avenir de l’homme, on a le culte des chiffres : 1 médecin pour 160 habitants, un taux de mortalité infantile inférieur à 10 pour 1000 depuis 1990 (passé de 7%o en 1998 à 6,2%o en 2005), une espérance de vie à la naissance de 77 ans. Parmi ces statistiques, il en est une à laquelle le gouvernement cubain attache une importance considérable: le taux de mortalité infantile, régulièrement présenté comme une réussite emblématique du système de santé.
En 2006, Cuba avait déjà annoncé avoir réduit son taux de mortalité infantile à 5,6%o, de loin le plus bas d’Amérique Latine, et proche des taux du Canada (5%o) et des Etats Unis (6%o)1 et cette année Cuba affiche triomphalement 5,3%o.
Un chiffre qui suscite de plus en plus interrogations, d’une part sur la crédibilité de ces statistiques, et d’autre part sur les moyens employés pour parvenir à ces résultats hors norme. Ce chiffre a été annoncé le 2 janvier 2008 dans la presse officielle : Cuba met donc deux jours pour compiler une statistique que la plupart des autres pays mettent entre une et deux années à publier.
Ensuite de nombreux témoignages de médecins exilés confirment une surveillance médicale très intense pendant la grossesse, notamment concernant les risques de malformations ou d’anomalies du foetus. Au moindre doute, un avortement sera proposé à la femme enceinte, et fermement recommandé en cas de refus.
Quelle réalité y a-t-il derrière les chiffres ? Le système de santé cubain vit en grande partie sur le capital santé accumulé aux beaux jours de l’aide soviétique. Les campagnes de vaccination massive ont permis d’éradiquer la polio, la diphtérie et la rougeole. Grâce à ces données de base Castro a réussi à éviter aux Cubains les fléaux qui ravagent les autres capitales de bon nombre de pays d’Amérique latine : pas d’enfants livrés à eux-mêmes traînant dans la rue ni de bidonvilles gangrenant la périphérie des agglomérations.
L’infrastructure, le personnel, les lits sont bien là, mais tout tourne au ralenti faute de médicaments, de matériel chirurgical jetable et même parfois d’électricité. En 2004, une enquête de l’OMS, évalue la dépense annuelle de santé par habitant à 251 dollars à Cuba : loin derrière le Costa Rica (616), et proche du Pérou (233), considéré comme un des pays les plus pauvres de la région.
Le système cubain qui repose sur une gratuité et un libre accès total aux soins traverse donc une très sérieuse crise et doit faire face à de graves pénuries comme le reste du pays. Les médecins sont certes en nombre suffisant, mais ils ne peuvent prescrire aux malades que de l’aspirine ou des remèdes à base d’herbes fabriqués localement. Beaucoup de Cubains ont pris l’habitude de se diriger directement vers les hôpitaux qui sont approvisionnés en priorité. On est prié d’apporter ses draps, son papier hygiénique et parfois ses médicaments. Ce n’est un secret pour personne : les valises des familles exilées en visite à Cuba sont souvent remplies de médicaments. Une situation d’autant plus choquante que les hôpitaux et pharmacies pour étrangers en devises sont correctement approvisionnés. Suprême humiliation : même s’ils ont des devises, les Cubains n’ont pas le droit d’acheter de médicaments dans ces endroits strictement réservés aux étrangers.
Alors, pour faire oublier la chute dramatique de la qualité des soins on entretient à grand renfort de publicité le culte des chiffres. Le taux de mortalité infantile est devenu l’étendard du gouvernement cubain, la variable symbolique, le chiffre clé qui permet de justifier tous les sacrifices et toutes les privations.
Mais comment ce taux a-t-il pu continuer de baisser pendant les années 90 alors que le pays enregistrait sa plus grave crise et un regain de maladies infectieuses et de pathologies dues à la sous-alimentation ? Question taboue car le système de santé reste l’ultime justification du régime cubain qui a déjà fait une croix sur l’égalité, et dans une large mesure sur son nationalisme sourcilleux en accordant aux étrangers de nombreux privilèges interdits aux Cubains.
1 Chiffres 2004 OMS: Suède : 3, France : 4, Etats-Unis : 6, Chili : 8, Costa Rica : 11, Pérou : 24
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Cholera à Cuba, 51 cas déclarés
Depuis plusieurs jours, une épidémie de choléra survient dans la capitale cubaine – Nathan Laurell/FlickR/CC
Le gouvernement cubain a confirmé officiellement la présence du bacille du choléra à La Havane, avec 51 cas déclarés, et exhorté la population à prendre des mesures d’hygiène pour stopper la propagation de l’épidémie. Le communiqué du ministère de la Santé a été rendu public mardi 15 janvier.
Mais de nombreux médias, tels le site Internet Café Fuerte, ou des journalistes indépendants avaient lancé une alerte dès le 9 janvier à propos de ce début d’épidémie, citant des sources de la Direction provinciale de la santé à La Havane et rapportant la distribution d’antibiotiques dans les quartiers de la capitale concernés. Officiellement, le ministère de la Santé ne fait état d’aucun décès.